Les attaques DoS ou attaques par déni de service sont l’une des menaces les plus dangereuses dans le monde des affaires. D’après les statistiques, environ 50 millions d’attaques de ce type ont lieu chaque année dans le monde. Malheureusement, cette tendance est à la hausse et l’accès pour les acteurs malveillants devient de plus en plus facile. La perte de la réputation de l’utilisateur et les dommages qui en résultent pour l’utilisateur peuvent être irréversibles.
Pour vous protéger contre ces attaques, vous devez savoir ce qu’est une attaque DoS, à ne pas confondre avec les attaques DDoS, et comment l’atténuer si cela se produit. La sensibilisation est votre meilleure arme contre la cybercriminalité moderne.
Qu’est-ce que c’est qu’une attaque par déni de service (DoS) ?
Une attaque par déni de service (DoS) vise à rendre un service en ligne inutilisable, généralement en submergeant un réseau ou un serveur avec un trafic excessif. Ces attaques exploitent les limites de capacité des systèmes pour bloquer l’accès légitime des utilisateurs. Comprendre leur fonctionnement est essentiel pour élaborer des stratégies de défense efficaces dans notre environnement numérique en constante évolution.
Comment fonctionne une attaque DoS ?
Une attaque par déni de service, ou DoS, est une tactique utilisée par des cybercriminels pour inonder un système de requêtes malveillantes. Ces attaques sont conçues pour submerger les ressources d’un serveur, le rendant incapable de répondre aux demandes légitimes d’utilisateurs. Utilisant des programmes spécifiques, les attaquants envoient un volume massif de trafic qui ressemble à de véritables interactions d’utilisateurs. Cela conduit à un ralentissement considérable ou à un arrêt total du service offert, empêchant les utilisateurs légitimes d’accéder aux données ou services nécessaires. Cette méthode d’attaque affecte principalement la disponibilité du service, sans s’attaquer directement aux données, créant ainsi un impact significatif sur les opérations et la réputation de l’entité ciblée.
Les attaques par déni de service se manifestent sous différentes formes, chacune ayant ses propres caractéristiques et méthodes d’exploitation.
Redirection du navigateur
Dans une attaque de redirection de navigateur, les hackers utilisent diverses techniques pour détourner les requêtes des utilisateurs vers des sites malveillants. Ce type d’attaque peut intervenir lorsqu’un utilisateur clique sur un lien apparemment légitime ou saisit une URL connue, mais est ensuite redirigé vers un site web contrôlé par l’attaquant. Ces sites malveillants ressemblent de manière trompeuse à des sites légitimes, incitant les utilisateurs à saisir des informations personnelles ou confidentielles, telles que des identifiants de connexion ou des détails de carte de crédit. Les attaquants exploitent des vulnérabilités dans le navigateur ou les applications web pour initier une redirection non autorisée. Par exemple, une vulnérabilité dans le traitement des URL ou des scripts côté client peut permettre à un assaillant d’injecter un code de redirection malveillant.
Fermeture de connexion
Les cybercriminels ciblent et ferment des connexions réseau essentielles pour perturber l’accès aux services. Cette tactique implique la fermeture de ports réseau spécifiques, cruciaux pour la communication entre le client et le serveur. En bloquant ces ports, l’attaquant peut efficacement couper l’accès à des ressources importantes, comme les bases de données ou les services en ligne. Les hackers utilisent diverses méthodes pour fermer ces connexions, y compris l’envoi de paquets de données conçus pour exploiter les vulnérabilités dans le protocole de communication ou forcer la fermeture des ports par saturation. Cette perturbation a un impact majeur sur les opérations commerciales, notamment pour les entreprises qui dépendent fortement de l’accès en ligne à leurs données ou services.
En 2017, la Banque Royale du Canada (RBC) en a fait les frais. Les attaquants ont réussi à perturber les services en ligne de la banque en fermant les connexions réseau, empêchant les clients d’accéder à leurs comptes en ligne et aux services de banque mobile. Cette attaque a non seulement causé des désagréments considérables pour les clients, mais a également soulevé des préoccupations en matière de sécurité des informations financières.
Destruction de données
La destruction de données dans une attaque DoS se manifeste lorsque des cybercriminels suppriment ou altèrent des données cruciales, causant ainsi un déni de service. Cette approche peut varier de l’effacement pur et simple de fichiers clés à la corruption de données essentielles, rendant les informations inutilisables ou inaccessibles. Par exemple, si un fichier de base de données central est supprimé ou corrompu, cela peut entraîner une erreur de « ressource introuvable », bloquant l’accès des utilisateurs à des services essentiels.
Les cybercriminels se dirigent des serveurs spécifiques, des bases de données ou même des systèmes de stockage cloud. Ils peuvent utiliser des logiciels malveillants conçus pour supprimer des fichiers ou des scripts qui exploitent des vulnérabilités dans les systèmes pour modifier ou détruire des données. Cette forme d’attaque a des conséquences désastreuses, surtout pour les entreprises dont les opérations dépendent fortement de données numériques.
L’entreprise Sonny Pictures en a d’ailleurs été la victime en 2014. Les attaquants ont non seulement volé une grande quantité de données confidentielles mais ont également supprimé d’importantes données informatiques. Cette attaque a entraîné des perturbations majeures dans les opérations de l’entreprise suite à la perte de données critiques.
Épuisement de la ressource
Lorsqu’une entreprise est victime d’une attaque par épuisement des ressources, les attaquants visent des ressources systèmes limitées, telles que la bande passante, la mémoire, ou le processeur d’un serveur. Ils génèrent une surcharge en envoyant un volume excessif de requêtes, qui dépasse la capacité du serveur à traiter. Cette méthode peut impliquer le bombardement d’un serveur web avec un grand nombre de demandes de connexion ou de requêtes de pages, ce qui entraîne un ralentissement significatif ou un arrêt complet du service.
Ce type d’attaque par déni de service exploite les limitations naturelles des systèmes informatiques, les amenant à un point où ils ne peuvent plus répondre aux demandes légitimes. Par exemple, un serveur web pourrait être inondé de demandes pour une page spécifique, épuisant les ressources du serveur et empêchant ainsi les autres utilisateurs d’accéder au site.
Quelle est la différence entre une attaque DoS et une attaque DDoS ?
La distinction clé entre une attaque par déni de service (DoS) et une attaque par déni de service distribué (DDoS) réside dans leur source et leur portée. Une attaque DoS est généralement lancée à partir d’une seule source, où un assaillant utilise un ordinateur ou un serveur pour inonder la cible avec du trafic excessif. En revanche, une attaque DDoS est orchestrée à partir de multiples sources. Cette dernière implique l’utilisation d’un réseau de machines infectées, connu sous le nom de botnet, qui agissent de concert pour submerger un système cible avec un afflux massif de trafic.
Les botnets, constitués d’appareils connectés à Internet, souvent à l’échelle mondiale, sont contrôlés à distance par un cybercriminel. Ces attaques synchronisées sont plus difficiles à atténuer en raison de la multiplicité des sources de trafic, ce qui les rend plus dangereuses et complexes à gérer par rapport aux attaques par déni de service (DoS).
De plus, l’évolution des technologies, en particulier l’Internet des objets (IoT), a permis aux acteurs malveillants d’utiliser des appareils IoT pour renforcer leurs botnets, augmentant ainsi la portée et l’efficacité des attaques DDoS.
Comment réduire le risque d’une attaque DOS ?
La prévention et la réduction des risques passent par plusieurs étapes clés, allant de la formation du personnel à l’adoption de technologies avancées.
Mettre en place une formation et une sensibilisation du personnel
Il est essentiel de mettre en place une formation cohérente et exhaustive pour le personnel. Cette formation doit se concentrer sur l’identification des indicateurs d’une attaque DoS et encourager un comportement responsable en ligne. En éduquant les employés sur les signes avant-coureurs et les meilleures pratiques de sécurité, les entreprises peuvent réduire significativement le risque d’une attaque réussie. De plus, une sensibilisation continue et des mises à jour régulières des formations garantissent que le personnel reste vigilant et informé des dernières tactiques utilisées par les cybercriminels, renforçant ainsi la première ligne de défense de l’entreprise contre ces menaces.
Effectuer des tests d’intrusion
Effectuer régulièrement des exercices de simulation de gestion d’incident et des tests d’intrusion est une stratégie cruciale. Ces exercices permettent aux équipes de sécurité de détecter et de corriger les vulnérabilités dans l’architecture du réseau, renforçant ainsi la résilience de l’entreprise face aux attaques par déni de service (DoS). En simulant des scénarios d’attaque réalistes, ces tests offrent également une occasion précieuse pour les équipes de réagir en temps réel, améliorant leur rapidité et efficacité dans la gestion des incidents de sécurité réels.
Isoler les sauvegardes
Pour contrer les attaques DoS, il est important d’isoler les sauvegardes et de protéger les systèmes contre l’énumération, en particulier lors des attaques de ransomware. Cette isolation empêche les attaquants d’accéder et de chiffrer les données de sauvegarde, préservant ainsi les copies essentielles des données en cas d’attaque. En outre, l’utilisation de stratégies de sauvegarde hors ligne ou de systèmes de stockage immuables peut fournir une couche de sécurité supplémentaire, rendant les données de sauvegarde inaccessibles via les réseaux compromis. Il est également crucial de tester régulièrement l’intégrité et la récupérabilité des sauvegardes pour assurer leur efficacité en cas de nécessité réelle.
Chiffrer les données sensibles
Le chiffrement des données sensibles, tant au repos qu’en transit, est une mesure de sécurité vitale. En chiffrant les données, les entreprises peuvent réduire le risque de perte, de fuite ou de vol d’informations sensibles, même en cas de violation de leur réseau. L’utilisation de protocoles de chiffrement robustes et la gestion sécurisée des clés de chiffrement sont essentielles pour assurer l’efficacité de cette stratégie. En outre, la mise en œuvre de politiques de chiffrement cohérentes à travers l’organisation contribue à maintenir un niveau de sécurité élevé et uniforme pour toutes les données traitées et stockées.
Adopter des outils de surveillance avancés
L’intégration d’outils spécialisés comme les Endpoint Detection and Response (EDR) et les pare-feu est essentielle pour renforcer la surveillance du réseau et la protection contre les attaques DoS. Les systèmes EDR fournissent une surveillance continue et une analyse détaillée des activités au niveau des appareils connectés au réseau de l’entreprise. Ils permettent non seulement de détecter des comportements anormaux ou malveillants sur les terminaux, mais aussi d’intervenir rapidement pour les neutraliser, empêchant ainsi la propagation de l’attaque.
Parallèlement, les pare-feu examinent les données entrantes et sortantes pour bloquer les requêtes potentiellement dangereuses avant qu’elles n’atteignent les ressources critiques de l’entreprise.
L’association de ces outils crée une défense multicouche, améliorant ainsi la capacité de l’entreprise à identifier et à atténuer efficacement les attaques DoS.
Que faire en cas d’attaque par déni de service (DoS) ?
Lorsqu’une attaque DoS survient, une action rapide et efficace est cruciale pour minimiser les dégâts et restaurer rapidement les services.
Filtrer les requêtes suspectent
Lors d’une attaque DoS, il est essentiel d’agir rapidement pour isoler le trafic malveillant. Utilisez des outils de filtrage de trafic ou des pare-feu pour identifier et bloquer les requêtes provenant de la source de l’attaque. Cette action aide à réduire l’impact de l’attaque sur vos systèmes. Il est également important de configurer ces outils pour qu’ils reconnaissent les modèles de trafic inhabituels, ce qui peut automatiser le processus de détection et de blocage des attaques. En plus de cette mesure proactive, une surveillance continue du trafic réseau est cruciale pour ajuster rapidement les paramètres de filtrage en réponse à l’évolution des tactiques des attaquants.
Conserver et analyser les preuves
Ne précipitez pas la suppression des données ou la réinitialisation des systèmes après une attaque par déni de service. Gardez des enregistrements détaillés des événements, y compris les logs du serveur et les données du réseau. Cette information est cruciale pour une enquête approfondie post-incident. Considérez l’assistance d’experts en cyber-sécurité pour analyser ces preuves, car ils peuvent fournir des insights sur les méthodes d’attaque et recommander des améliorations de sécurité. La documentation précise de l’incident, incluant l’heure, la nature des requêtes et l’impact sur les systèmes, est également essentielle pour renforcer les mesures de sécurité futures et préparer des rapports détaillés pour les parties prenantes.
Evaluer l’impact des dégâts subis
Prenez le temps d’examiner l’étendue des dommages causés par l’attaque DoS. Cela comprend la vérification de l’intégrité des données et la performance des systèmes affectés, pour comprendre pleinement les conséquences de l’attaque. En outre, évaluez l’impact sur les opérations commerciales et la satisfaction des utilisateurs, car cela peut révéler des besoins en communication externe ou en mesures correctives spécifiques. Il est également utile de mener une analyse coût-bénéfice pour les améliorations de sécurité proposées, en tenant compte des pertes potentielles dues à de futures attaques similaires.
Mettre à jour les protocoles de sécurité
En réponse à l’attaque, changez les mots de passe et mettez à jour les protocoles de sécurité. Cela inclut les mots de passe des administrateurs réseau et des comptes utilisateurs critiques, pour prévenir toute vulnérabilité supplémentaire. Parallèlement, examinez et améliorez vos politiques de sécurité, notamment en renforçant l’authentification des utilisateurs et en révisant les accès aux ressources critiques. Ces ajustements aideront à protéger votre organisation contre des intrusions futures et à réduire le risque de compromission de données.
Collaborer avec les autorités et déposer plainte
Informez immédiatement votre équipe de sécurité informatique, ainsi que votre fournisseur de services Internet ou votre partenaire de sécurité externe. Leur implication rapide est nécessaire pour une réaction efficace à une attaque DoS. Déposez ensuite une plainte officielle auprès des autorités compétentes et signalez l’incident à la CNIL si l’attaque impacte la sécurité de vos données personnelles. Cette étape est fondamentale pour documenter l’incident et peut-être identifier les coupables. En parallèle, cette démarche assure la conformité aux réglementations en vigueur et peut fournir des orientations précieuses pour renforcer les mesures de sécurité et prévenir de futures attaques.
Sécuriser vos données de journalisation
Accordez une attention particulière à la récupération et à la sécurisation des fichiers de journalisation, qui sont des enregistrements détaillés des événements survenus dans votre réseau et système. Ces données, essentielles pour analyser les tactiques des attaquants, incluent des informations sur les tentatives d’accès, les transactions, les erreurs système et d’autres activités critiques. La préservation et l’analyse de ces journaux sont cruciales pour comprendre l’attaque et renforcer les mesures de sécurité. Il est important de stocker ces logs de manière sécurisée pour éviter toute altération, car ils servent de preuves vitales pour identifier les failles de sécurité et les points d’entrée exploités par les attaquants.
Sauvegarder le système affecté
Créez une copie intégrale du système affecté pour les analyses forensiques futures. Cette sauvegarde externalisée peut être cruciale pour restaurer le système et comprendre les failles exploitées. Assurez-vous de capturer tous les éléments pertinents, y compris les configurations système, les applications et les données utilisateur, afin de fournir un aperçu complet pour l’analyse. L’engagement d’experts en analyse forensique informatique avec cette sauvegarde permettra d’identifier précisément comment l’attaque a été conduite et de mettre en évidence les points de vulnérabilité qui nécessitent des améliorations.
Les attaques par déni de service, y compris les attaques DDoS, qui impliquent souvent des techniques de flood (inondation en français) SYN ou UDP, représentent un défi majeur dans le paysage numérique actuel. Ces attaques affectent des services web essentiels, des serveurs d’entreprises hébergés sur le cloud, et la sécurité en ligne des utilisateurs. Face à ces menaces, il devient primordial pour toute organisation, souvent la victime de ces agressions, de développer une stratégie de protection robuste et multifacette. Cette stratégie doit comprendre la compréhension approfondie de la nature des attaques, y compris les aspects liés aux protocoles DNS et aux codes malveillants.
Il est crucial pour les victimes potentielles d’identifier précisément la cible d’une attaque DoS et de mettre en œuvre des protocoles de sécurité adéquats pour protéger leurs infrastructures critiques, notamment leurs applications et services cloud. Les organisations doivent adopter des approches proactives, qui incluent la défense contre les attaques par flood SYN ou autres, ainsi que l’assurance d’une reprise rapide et efficace en cas d’incident. Cela implique un investissement continu dans la formation du personnel, l’amélioration des systèmes de surveillance, et la mise en place de mesures préventives, comme le chiffrement, le filtrage de trafic, et des protocoles de protection DNS.
En définitive, la capacité d’une entreprise à résister et à répondre aux attaques DoS, notamment via des protocoles sécurisés et une réponse au code malveillant, dépend de la solidité de ses stratégies de défense et de la réactivité de son équipe de sécurité. Par une approche globale et intégrée, englobant à la fois la prévention, la détection et la réponse, les organisations peuvent non seulement protéger leurs actifs numériques, mais également renforcer leur résilience face aux menaces en constante évolution du monde cybernétique.